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À l’avenir, on parlera de jurisprudence Neymar au détriment du football

4 octobre 2019 à 14:15 par Michael Tapiro

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Dans les starting blocks pour partir cet été, Neymar a ouvert la voie à une nouvelle forme de négociation, sur le marché des transferts.

Le mercato estival est chaque année synonyme de feuilletons, de spéculations, de rebondissements et parfois même de polémiques notamment quand un joueur sous contrat souhaite, malgré l’avis de son club, rejoindre une autre équipe. Largement animée par les envies d’ailleurs de Neymar Jr, la fenêtre de transfert 2019 aura certainement plus d’impact que l’on ne pense dans les années à venir malgré les négociations avortées. Explications.

« PSG : Neymar prêt à mettre 20 millions d’euros pour partir au Barça », c’est ce que titrait L’Équipe dans son article du 31 août dernier venant confirmer l’information des médias catalans. Une nouvelle surprenante qui venait prouver s’il le fallait encore, combien le brésilien était déterminé à quitter Paris. Si l’affaire n’a finalement pas aboutie notamment à cause du refus de certains joueurs barcelonais de rejoindre la capitale en échange de Neymar, il n’en demeure pas moins que cet épisode pourrait devenir affaires courantes pour de nombreuses autres stars du ballon rond à l’avenir. Par ailleurs, Luis Gustavo, autre brésilien transféré en début septembre de l’Olympique de Marseille à Fenerbahçe se serait déjà inspiré de son compatriote puisqu’il aurait payé 1 million d’euros de sa poche pour compléter l’enveloppe du club turque.

La porte ouverte à toutes les dérives

Ce système où un acteur-tiers (autre que l’agent) intervient directement dans les négociations entre un club vendeur et un club acheteur pour faire pencher la balance peut entrainer à terme une dérégulation complète du schéma européen. En effet, les flux financiers relatifs à l’intermédiation opérée par un agent sont déjà très complexes à gérer. Qu’un joueur, en dépit de son contrat, intervienne aux côtés d’un acheteur potentiel peut s’avérer être le pas de trop dans le football business. Selon l’enveloppe qu’il est en mesure de proposer, le joueur pourra alors s’élever au-dessus des clubs, des institutions et de ses obligations contractuelles.

À terme, on peut imaginer des modifications bien plus profondes du système. Après tout, l’arrêt Bosman qui dicte aujourd’hui le fonctionnement du football européen, avait eu l’effet d’un pavé dans la mare lors de sa publication, il y a vingt ans. Conférer de tels passe-droits aux joueurs qui en auront les moyens peut dans l’absolu, amener le football européen à tendre vers le modèle américain où notamment en Major League Baseball (MLB), un joueur peut évoluer le mardi pour une franchise et jouer le dimanche pour une autre équipe en plein milieu de la saison. Un système qui convient aux ligues américaines, où les franchises s’enrichissent chaque année mais qui creuserait encore plus d’écart en Europe, où très peu de clubs sont bankable.

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À plus court terme, on peut également imaginer des dérives de la part des sponsors. Si ce système venait à se démocratiser, on peut envisager qu’un équipementier devienne redevable d’un de ses joueurs qui aurait payé pour rejoindre un club équipé par cette même marque. Là-encore, c’est l’éthique des marques, du football et de ses joueurs qui en prendrait un coup.

Quid du Fairplay financier et de l’équité tant voulue par l’UEFA ?

En parlant d’éthique mais surtout d’équité, l’UEFA a adopté le fair-play financier en 2010. Que l’on apprécie ou non ce dispositif, celui-ci a pour but de réguler les dépenses faites par les clubs afin de maintenir un aléa sportif en empêchant certains clubs de dépenser excessivement. Quel avenir pour le fair-play financier si les joueurs interviennent désormais dans l’équation ? Dans le cas très concret de Neymar, le FC Barcelone aurait pu se renforcer cet été d’une superstar sans devoir justifier près de 20 M€ auprès de l’UEFA puisque c’est le joueur qui aurait versé ce montant au PSG. Un tel dispositif laisse imaginer toutes sortes d’arrangements et de manœuvres possibles pour contourner le fair-play financier à l’avenir, là-encore au détriment du football.


A propos de l'auteur

Michael TAPIRO, directeur et fondateur Sports Management School, école de commerce située à Paris, Lausanne, Barcelone et Rabat proposant des programmes 100% sport business bac+1 à bac+5. Renseignements sur le site de la Sports Management School


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