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On a discuté eSport et reconversion avec Yannick Agnel, nouveau directeur sportif du team MCES

20 février 2019 à 14:05 par Thomas

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Yannick Agnel a trouvé une reconversion en totale harmonie avec sa passion du gaming. – @Sportune

Il le dit en souriant, mais pas sans mesurer la nécessité du rôle : « C’est marrant de passer de l’autre côté de la barrière et d’enfiler le costume du coach ». Yannick Agnel sait de quoi il parle à ce propos, lui l’ancien champion de natation, a passé une large partie de sa vie dans les bassins à répéter les gammes, encore et encore, pour toucher le Graal d’une médaille olympique (trois pour lui). 27 ans, c’est d’ordinaire la force de l’âge pour un sportif professionnel, en ce qui concerne le Niçois, c’est le début de sa nouvelle vie.

Des bassins de la natation aux consoles du eSport, la bascule opérée par Yannik Agnel

Dirigée vers le eSport ; la bascule peut surprendre, mais pour Yannick Agnel, gros gamer assumé et passionné, elle était naturelle. Depuis l’automne dernier, il campe le rôle de directeur sportif de la nouvelle structure MCES (voir ici les détails), basée à Marseille. Avec pour objectif de transmettre son savoir et son expérience, à de jeunes gens (en moyenne âgés de 17 à 23 ans) au talent évident une manette entre les mains, mais à la condition physique à parfaire, dans un univers du gaming de plus en plus valorisé et un marché de l’eSport en pleine expansion.

Intéressant point de vue d’un champion olympique, sur l’entrée du eSport aux JO

Bavard mais toujours réfléchi sur chaque mot, Yannick Agnel nous a détaillé le sens de sa nouvelle fonction. Sans hésiter non plus, à se « mouiller » (what else en ce qui le concerne !) pour répondre à la question qui fait débat, à savoir si l’eSport a sa place aux Jeux Olympique. Son analyse sur le sujet est très intéressante, parce qu’elle pointe les écueils à corriger et/ou éviter, avant d’envisager sérieusement l’idée…

Directeur sportif du Team MCES, c’est une vraie reconversion pour vous. Ce n’est pas juste un rôle d’ambassadeur et de prête nom…

Yannick Agnel : C’est un rôle effectif. Avec au départ, une volonté de ma part de m’engager un peu plus dans un milieu qui me passionne. De façon très humble, j’y viens pour mettre mon expérience au service de l’eSport.

C’était un plan de reconversion que vous aviez en tête, quand vous étiez dans les bassins ?

Quand j’ai mis fin à ma carrière, je savais qu’il allait y avoir une page blanche derrière et qu’il ne tenait qu’à moi de l’écrire. Tout le problème est de trouver quelque chose qui te passionne, avec un vrai challenge. Ce n’est pas si évident que ça, quand tu arrêtes quelque chose que tu as fait toute ta vie. La conséquence de tout cela est que j’ai longtemps cherché et au final, par effet d’entonnoir, j’en suis venu à la conclusion qu’un peu comme en amour, c’est quand tu arrêtes de chercher que cela te tombe dessus. J’ai rencontré Romain (Sombret, le directeur de la structure MCES, ndlr), avec qui j’ai matché de suite.

C’est justement ce que nous confiait Romain Sombret, qu’avec vous, le feeling est passé de suite…

On ne s’est pas posé la question. Nous étions d’accord sur le fond, qu’il fallait structurer l’eSport par la base, à la manière de sports dits « traditionnel ». Et de pousser au chaînon supérieur, qui était celui de créer une structure professionnelle : MCES. C’est là que j’interviens principalement.

Au départ, comment s’est faite la rencontre ?

Une personne proche de MCES est venue me voir en me disant : « Je sais que tu aimes le esport, que tu suis ça, il y a quelqu’un qui a un projet. Viens autour de la table et on en discute. » Ça s’est fait simplement, comme cela et en discutant, nous nous sommes rendus compte que nous étions sur la même longueur d’onde, et qu’il y avait vraiment quelque chose à faire aujourd’hui, pour et dans l’écosystème sportif français.

Vous vous êtes vu de suite dans ce projet ?

Oui bien sûr. Ce n’était pas évident pour moi, dans le milieu de la natation ou du sport tout court. Mais là ça m’a semblé naturel, parce que c’est une passion et qu’il y a tout à faire. C’est génial d’arriver dans un milieu où on te donne carte blanche, pour intégrer des notions qui ont été mon quotidien pendant 10 ans.

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Quels sont vos jeux de prédilection ?

J’aime bien League of legends, en ce moment j’y joue pas mal avec des potes. Egalement Overwatch, Apex beaucoup qui est très arcade, et après un peu tout les MMO (jeux pratiqués par un grand nombre de gamers en simultané) : Guilde Wars, Final Fantasy 14…

« Ces gens sont des Mozart du clavier »

Les joueurs que vous coachez ont-ils un gros niveau ?

C’est la question que l’on me pose souvent ces dernières semaines : « Est-ce que toi ça te dirais d’être joueur de haut niveau ? » La question n’est pas de savoir si je le voudrais ; s’ils sont là, c’est qu’ils ont un talent phénoménal. Et surtout, ils s’entraînent 7 à 8h par jour. Ces gens sont à ce niveau là, parce que ce sont des Mozart du clavier.

Comment sont les joueurs ? Sont-ils réceptifs au projet ?

Oui clairement. Parce que dès le départ, ils ont été sélectionnés, bien évidemment parce qu’ils ont un profil talentueux, mais parce que ce sont des gens bien, aussi.

La formation a-t-elle débutée ?

L’académie a ouvert début décembre, l’équipe pro a des entraînements et toutes les semaines, les joueurs ont des compétitions. Ils sont comme de vrais athlètes professionnels.

Et vous, vous vous insérez comment dans ce projet ?

Je chapeaute les routines à installer, les intervenants… Quand je parle de routine, je parle aussi bien d’échauffements, d’étirements, que de séances physiques. D’avoir une méthode physique MCES qui nous est propre. Ça peut être du média training…. Mais je ne vais pas donner les recettes du succès. (rire).

Combien de temps cela vous occupe-t-il ? C’est un job à temps plein ?

Je ne compte pas vraiment mes heures. J’habite à Paris, donc je fais pas mal d’allers-retours à Marseille dès que je le peux. Ici, j’essaie d’avoir les contacts, soit des joueurs directement, soit des intervenants que je veux faire rencontrer aux joueurs. J’essaie de manager tout ça, le plus longtemps possible.

Dans le sport collectif, un directeur sportif est moins un manager que le responsable du recrutement…

Là, nous sommes dans le eSport. Comme je ne connais pas spécifiquement les joueurs de eSport et leur talent, c’est le manager de notre équipe qui va se charger de tout ce scouting et recrutement. Je chapeaute vraiment la partie sportive, avec Guy Demel (ex-footballeur pro formé à l’OM, ndlr), qui s’occupe de la préparation physique. Lui a l’aspect de la performance plus collectif.

« Un niveau de concentration peut-être supérieur au mien »

Qu’est ce qui raccroche le eSport de la natation ?

Peu importe le sport ou le esport. Quand tu es dans une performance, tu es dans un état un peu transcendantal, très concentré. Cet état méditatif, c’est un état de pleine conscience et surtout de concentration extrême. Ces gars là ont ce niveau, même plus que moi je ne l’avais quand je passais 7 à 8 heures par jour dans un bassin. Oui, on est sur un quotidien semblable ; non, il n’est pas le même physiquement.

Ce genre de structure prouve que l’eSport est vraiment un sport !

Oui, oui. Moi je ne fais plus la distinction. Je pense qu’au lieu d’opposer les deux, il faudrait plutôt les mêler.

Vous l’ancien champion olympique de natation, voudriez-vous que le eSport soit un jour aux JO ?

Je peux le défendre, mais pas aveuglément. C’est un long sujet. Dans l’immédiat, je ne pense pas que ce soit une énorme priorité, à la fois pour le eSport et pour le CIO, de l’intégrer aux JO. Il y a, d’abord, plusieurs cases à cocher. Aujourd’hui, la natation, l’athlétisme… ça n’appartient à personne. Jouer à des jeux vidéos ça nécessite des développeurs, des éditeurs, des distributeurs etc, etc… C’est déjà une économie. Il y a aussi le sujet, que les jeux ont un un turn over très rapide. Quel jeu alors doit-on intégrer ? Enfin, la charte déontologique des Jeux Olympique. J’adore Counter Strike, mais je ne suis pas sûr que ce jeu soit dans l’esprit de Coubertin.


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